C’est suite à l’initiative de l’abbé Bertrand Delpy que sera construite l’église Saint François d’Assise. Il confie sa réalisation à l’architecte Joseph Raynaud dans le quartier Bonhoure à Toulouse au 106 avenue Camille Pujol (ou au 37 avenue Raymond Naves). Le chantier, débuté en 1875 s’achèvera deux ans plus tard, sur une base de basilique du gothique méridional. L’église se caractérise par ses arcs-boutants. Elle comporte une abside pentagonale orientée vers le midi, quatre travées et sept chapelles latérales. Artistes et donateurs paroissiens sont mis à contribution pour la construction de l’église. L’abbé Erny, curé de la paroisse, réalise d’ailleurs de nombreux décors au pochoir entre 1922 et 1948 dont quelques piliers de la nef sont encore témoins.
En 1905, l’église échappe à la nationalisation, elle est donnée à un laïc qui la rétrocèdera en 1936 au diocèse.
En 1935 est ajoutée la quatrième travée avec une façade provisoire en vue d’agrandissements. L’année suivante on installe dans le chœur les cinq toiles marouflées réalisées par André Pierre Lupiac qui content la vie de Saint François d’Assise, dont une rénovée récemment. Les 3 vitraux du chœur représentant aussi la vie du saint patron sont réalisés par le maître verrier André Rapp et sont installés en 1943. Ils inspirent d’ailleurs un poème à l’artiste Gironella, un paroissien*. Les autres vitraux viennent de l’atelier Saint Blancat.
L’église subit quelques modifications pour s’adapter à la réforme liturgique de Vatican II à partir de 1963 (disparition de la table de communion, avancée de l’Autel). Deux des chapelles latérales de droite fusionnent pour devenir la chapelle du Saint Sacrement. La façade est achevée par la rosace de Christian Giscaro, et on installe derrière l’Autel une icône écrite par Renata Mons, copie de la croix de San Damiano (basilique Sainte Claire d’Assise).

Sous la splendeur des vitraux
Intensité du bleu,
Rouge brûlant !
En extase les oiseaux […]
Mon regard frôle le Tabernacle
Et s’envole vers le vitrail
Devant sa précieuse humilité
François devient grandiose ;
Il a fallu deux vitraux de plus
Pour bien cadrer
Ce feu d’artifice d’une âme
Grande comme la charité,
Douce comme le sourire du Maître
Lorsqu’il embrasse le lépreux.
Poème de Joaquim Vicens Gironella inspiré par les vitraux de l’église
Joaquim Vicens Gironella
Né à Agullana (province de Gérone) le 4 août 1911, Gironella apprend auprès de son père artisan à travailler le liège. Dans son adolescence, il écrit des pièces de théâtre, des poèmes et des romans. Il suit des cours à l’école des Beaux-Arts de Gérone mais n’achève pas son cursus, pour reprendre son travail d’ouvrier auprès de son père.
Un peu avant le soulèvement de Franco, il milite dans les comités républicains de gauche jusqu’à son engagement politique avec son frère au Comité Antifasciste d’Algullana. Au cours de la révolution et la guerre civile espagnole, il adhère au parti communiste de Catalogne (P.U.S.C.). Il est envoyé au front et y rédige dans le journal Victoria puis dans El Combatiente del Este. La victoire du camp adverse le pousse à s’exiler en France, où il est envoyé au camp de Bram. Il y restera plus d’un an.
A sa sortie, Gironella se marie avec une espagnole exilée, Paz Santiago Ruiz. Il abandonne sa période de militantisme et commence à sculpter de façon autodidacte en 1941. Il s’essaye dans un premier temps à l’argile mais choisit très vite de travailler ce qu’il a toujours connu : le liège. Ses œuvres sont réalisées dans une seule pièce d’écorce, et évoquent un des ces trois sujets : le moyen âge, la Bible ou sa terre natale. Son travail plaît d’abord à son employeur, René Lajus, responsable de l’usine de fabrication de bouchons de liège. Puis, en 1948, Jean Dubuffet découvre ses œuvres. Il en acquiert plusieurs qu’il exposera au Foyer de l’art brut.

On observe aussi depuis l’exil un changement au niveau de l’expression de sa foi catholique favorisée par son implantation proche de l’église Saint François. Il réside dans un premier temps au 54 rue Branly, puis s’installe au 34 rue Frayssinet. Là, il expose chaque année sa crèche sculptée en liège à la fenêtre de son rez-de-chaussée, admirée par les enfants du catéchisme pendant l’avent. Il participe également à la rédaction du bulletin paroissial en envoyant régulièrement des textes et des dessins, et fait don d’une de ses oeuvres à la paroisse.
Ayant exercé divers métiers durant sa vie après l’industrie de la bouchonnerie : peintre en bâtiment, ouvrier d’imprimerie, employé au Centre culturel de Toulouse, Gironella meurt à Toulouse le 26 mai 1997.